Unité Pastorale Carlo Acutis, entre Meuse et Condroz

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Le 20 avril, dimanche de Pâques, le pape François donne la bénédiction « urbi et orbi », « à la ville (Rome) et au monde ». Certes, la pneumonie qu’il avait contractée l’avait visiblement affaibli. Mais, sa présence au balcon de St-Pierre ne laissait aucunement présager de sa mort. Aussitôt la nouvelle officialisée, les instances romaines convoquent les cardinaux qui, des quatre coins du monde, se réunissent, d’abord pour la célébration des funérailles du pape, puis pour le conclave en vue de l’élection du 267è successeur de l’apôtre Pierre.

Jorge Mario Bergoglio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine. Ses grands-parents paternels, originaires du Piémont, sont séduits par le rêve américain. En 1928, ils embarquent vers l’Amérique latine. La crise de 1929 ne les épargne pas. Cette histoire familiale expliquerait, du moins en partie, le souci qu’il a porté aux migrants à la recherche de l’Eldorado. Lorsqu’il se rend sur l’île de Lampedusa, il prie pour ceux d’entre eux qui sont morts dans les eaux de la Méditerranée.

Le 13 mars 2013, la fumée est blanche. Pour la première fois, un jésuite est élu pape. Depuis Grégoire III, en 731, il est le premier pape non-européen. Une révolution. Il choisit le nom de François. Ce choix n’est pas anodin. Le Poverello, le petit pauvre d’Assisse, l’inspire. Au Vatican, il préfère résider, non pas dans les appartements pontificaux, mais à la maison Ste-Marthe. Au-delà du symbole, comme son désir d’être inhumé en pleine terre, il manifeste sa préférence pour les petits. Peu après son élection, il rédige une lettre, dans le jargon ecclésial, une exhortation apostolique,

« Evangelii gaudium », « La joie de l’Evangile ». Il écrit : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses sécurités. » Tous les baptisés partagent une commune vocation : annoncer la Bonne Nouvelle. Synodalité, participation et mission forment un trépied sur lequel il veut poser le renouveau de l’Eglise.

François insiste sur les périphéries, pas seulement géographiques, mais aussi et surtout existentielles : précarité, isolement… A n’en pas douter, nous avons là un fil conducteur qui traverse tout son ministère pétrinien. En 2020, il publie une encyclique, « Fratelli tutti », « Tous frères » : « la fraternité n’a pas besoin de théories, mais de gestes concrets… » Précédemment, bien que jésuite, l’esprit franciscain lui inspire une autre encyclique sortie en 2015, « Laudate si », « Loué sois-Tu, Seigneur » : il y promeut l’écologie intégrale où se complètent la préservation de l’environnement, la promotion d’une économie qui respecte toute personne humaine, et notamment les plus pauvres, et la construction d’une société plus juste.

Dès le début de son mandat, il met en place un conseil chargé de superviser la réforme de la Curie, en ciblant les affaires financières et économiques du Saint-Siège. Comme ses prédécesseurs, d’emblée, il doit faire face au scandale des abus sexuels. Une commission suit les dossiers ouverts dans les diocèses.

En 2015, l’année jubilaire qu’il proclame insiste sur la miséricorde. L’Eglise n’est-elle pas appelée à révéler à tous les blessés, et le péché est une blessure des plus douloureuse, le visage maternel de Dieu. Il braque les projecteurs sur Zachée que rencontre Jésus au grand dam des biens pensants de son temps. Est-ce ce qui le pousse à proposer la bénédiction, non pas aux couples homosexuels en tant que tels, mais aux individus. « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour juger ? » Alors que déjà l’on fait l’inventaire de son pontificat, d’aucuns pointent cette polémique qui trace une ligne de fracture. Je ne reviens pas sur les autres polémiques exacerbées lors de son voyage en Belgique : processus de béatification du roi Baudouin, avortement (l’une et l’autre sont liés) et place de la femme. Ceci dit, l’Eglise n’est-elle pas le poil à gratter qui interpelle le monde ?…

Alors qu’il vient de mourir, faire le bilan de son pontificat est sans doute prématuré. Nous manquons du recul nécessaire. C’est néanmoins un exercice convenu. Sans oblitérer la lucidité, c’est la gratitude qui prime. En nous rappelant que la vie est un pèlerinage, le pape François a placé l’année 2025 sous le signe de l’espérance. Qu’il entre dans la joie du Ressuscité !

Rendez-vous au prochain numéro pour accueillir son successeur…

Abbé Patrice Moline